mardi 29 septembre 2009

Cassé l'épaule en ski...


Alors voilà un type, un citoyen, un "gens" comme vous et moi, qui se fait arrêter dans un aéroport européen parce qu'il a violé autrefois une jeune fille. Jusque là, tout est convenable. Quand on sait, de plus, que ce type s'est soustrait à la justice, fuyant le pays où s'est déroulé son méfait, jouant des accords d'extradition pour ne pas se trouver pris, il était temps que cette arrestation intervienne. Mais l'affaire prend une autre tournure lorsque le quidam s'appelle Roman Polanski.

Alors parce qu'on est un cinéaste primé, on peut échapper à un jugement, fondé, nécessaire et répondant à une grave faute de comportement ? Parce qu'on a été l'époux de Sharon Tate, victime d'un carnage, on est pardonné d'office, absous par la société selon un principe de donnant-donnant ? Je ne crois pas, et je ne suis sans doute pas le seul. Même si les faits ont trente ans, même si la victime a pardonné, même si un accord à l'amiable avait été trouvé mais refusé par le juge, même si ce juge a fait preuve d'acharnement, (ou juste de conscience professionnelle ?), même si dans certains pays le temps prescrit les fautes, Roman Polanski va devoir s'expliquer sur sa posture de fuite et son slalom géant sur les pentes de la procédure judiciaire internationale. De fait, rien que pour avoir évité avec soin la justice, le cinéaste mérite cette arrestation. Il s'en remettra, et son talent ne sera pas entaché.

D'autres, avant lui, ont connu les foudres de la justice. Woody Allen a traversé une pénible période, pour des histoires de relations avec une mineure qui est devenue son épouse. Mais il n'a pas fui, il a fait face au monde qui avait sur lui les caméras braquées comme pour un hallali médiatique. Il s'en est relevé, avec courage et force. Les histoires de fesses du show-biz, de starlettes abusées pour décrocher un premier rôle, font les grands titres de la presse à sensation, comme on l'appelait avant qu'elle devienne "pipeule". Les frasques de Polanski, peu reluisantes qu'elles soient, ne sont pas le sujet.

Car si l'on place l'objectif sous un angle différent, si l'on change l'éclairage du plateau, on peut voir une autre facette de cette misérable affaire. Qu'est-ce qui a poussé la Suisse, pays vertueux et protecteur des riches fortunes dont Polanski fait partie, à appliquer à la lettre une mesure répressive ? En se penchant sur son statut supposé de "paradis fiscal", l'attitude devient plus compréhensible. En effet, placée sur la liste grise des pays hébergeant de dangereux nantis, la Suisse s'est vue soudain mise au même rang que le Liberia ou le Vanuatu. Elle a donc réagi en donnant trois mille noms de contrevenants au gouvernement français, des mauvais sujets ayant cherché à se soustraire à l'impôt. Elle s'est rachetée et la voilà blanchie, pas comme de l'argent, mais comme une lolita souillée par le doute de sa virginité... Et depuis, elle fait montre d'une vertu infaillible, dénonçant les fuyards de toute espèce. Des Polanski, il y en aura d'autres. A moins que Zürich ne devienne un aéroport figurant sur la liste noire des endroits à éviter.

A part ça, mon épaule va bien, merci.



mardi 22 septembre 2009

Les dérapages incontrôlés de Renault



O
n ne rit plus. Le grand constructeur des voitures à vivre patine dans ses contradictions. Le créateur de la Dauphine, de la 4L ou de la R12, de l'Espace ou de l'Avantime, le vainqueur des 24 Heures du Mans ou du Rallye de Monte-Carlo, le fleuron de l'industrie automobile française, ennuie avec ses postures prétentieuses et d'un autre temps.

D'abord, sa dernière campagne de publicité me laisse, et je ne suis pas le seul, un goût désagréable. Comment peut-on faire valoir les mérites d'une gamme en prenant des enfants comme vecteurs ? L'envahissement agressif des panneaux publicitaires par des marmots affublés de prénoms idiots (vous en connaissez des bébé baptisé Laguna ou Modus ?...) constitue une assimilation indécente d'un objet et d'une personne, enfant qui plus est. Il fut un temps où l'utilisation de l'image d'un enfant comme prescripteur d'un produit dans la publicité était interdite par la loi. Il semble que cette disposition ne soit plus en vigueur, ou simplement plus adaptée. Les agences s'engouffrent dans une brèche en ignorant avec soin des règles de comportement, banalisant l'être humain au point d'en faire aussi un produit. En tout cas, quel est le budget d'une telle campagne ? Cette manne ne peut-elle être affectée à d'autres domaines, renforçant la recherche vers des véhicules plus conformes à notre mode de vie ? A quoi peuvent servir la vitesse et les performances dans une société qui prend conscience de son environnement et qui colle l'étiquette "développement durable" sur toute démarche écologique ?

Ensuite, on apprend que l'écurie de Formule 1 que finance Renault et qui porte son nom, est soupçonnée de tricherie. Elle reconnaît même les faits. C'est beau cette honnêteté... La tricherie est en l'occurence troublante et soulève des questions gênantes. Rappel des faits.

Lors du Grand Prix de Singapour, l'année dernière, se produit un accident. Un des pilotes de Renault, qui aligne comme les autres deux voitures par course, sort mal d'un virage et percute le mur. Pas de bobo, mais la voiture est proprement détruite. Le jeune pilote est indemne, mais dans ce circuit tracé en ville, les accès pour dégager l'épave collée contre un muret sont moins nombreux que sur une piste étudiée à cet effet. De plus aucune grue ne se trouve dans ce virage. La course est neutralisée par un procédé où une voiture de la direction de course mène les bolides à vitesse réduite, avec interdiction de dépasser, pendant que les services de piste font leur office. Durant cette prériode, l'autre pilote de Renault, qui nageait dans les derniers, se retrouve en tête, bénéficiant des arrêts au stands de ses concurrents. Il finit par gagner la course. Bon et alors ?

C'est là que cet incident banal prend toute sa saveur. Ce Grand Prix avait lieu de nuit, à l'américaine, dans un pays où le pouvoir d'achat est étoffé. Pour un constructeur impliqué à ce niveau de compétition, la victoire est primordiale dans ces contrées lointaines où la valeur du sport possède encore un impact sur le public. Ensuite, l'accident lui-même est un exemple de maîtrise du pilotage : une sortie de virage où l'arrière se dérobe parce qu'on accélère trop tôt, une pirouette parfaite pour taper le mur bien parallèle, sans angle dangereux pour le pilote, dans un virage où les moyens de levage pour évacuer l'auto sont lointains, tout est rassemblé pour susciter les interrogations. Le calcul réside dans l'intervention de la voiture de sécurité car en ce cas, bon nombre de concurrents en profitent pour ravitailler, comptant sur leur performance pour récupérer leur place initiale. Cerise sur le gâteau, le pilote incriminé se fait renvoyer cette année, en cours de saison, pour manque de résultat. Quelle ingratitude ! Lui qui a permis la victoire de son coéquipier se fait remercier comme un vendeur de concession... Alors il balance.

Mais à qui profite le crime ? Pas forcément à l'écurie qui montre un mauvais pilote se faisant piéger comme un débutant dans un virage simple. Le patron opérationnel de l'écurie avait besoin de résultat, ce fameux Flavio Briatore, ancien bras droit de Benetton, le roi du textile italien. Il en tire certainement un profit incontestable. Le hic, c'est que le pilote était son poulain, une de ses découvertes. Comme l'était Michaël Schumacher, qui a gagné tant de courses et tant de championnats... Alors du coup, nous somme tentés de nous demander comment Schumi a remporté ses courses, avec l'aide de quel stratagème odieusement fomenté par son coach vulgaire et prétentieux il a pu régner en maître sur une discipline sans merci... Nous soulevons la question, sans vraiment vouloir connaître la réponse. Mais Briatore viré, banni, honni, pourrait bien chercher vengeance dans la révélation de combines saumâtres...

J'ai été un grand fan de Formule 1. J'ai même rêvé d'y travailler, d'y trouver le plaisir d'évoluer dans un milieu attirant. C'est dire si je ne veux pas briser l'image ni le rêve d'une jeunesse idéaliste. Mais cette époque est révolue. Messieurs les dirigeants de Renault, n'est-il pas temps de se retirer de la F1, et de consacrer les masses pécuniaires qui y sont injectées par votre écurie salie par un maquignon à d'autres efforts technologiques ? Ne devriez-vous pas vous interroger sur le bien-fondé d'une discipline sportive qui va à l'encontre des tendances actuelles ?

J'ai bien une réponse, mais je ne suis pas le patron de Renault...



Les bienfaits d'une bonne queue



Qu'elle soit courte ou longue, la queue occupe notre quotidien. Elle concerne les hommes comme les femmes, les jeunes comme les vieux, les pauvres comme les nantis (quoique...). Elle est partout et ne procure pas que du plaisir. Non, parfois la colère nous prend lorsque la queue est trop longue.

Les postiers l'ont bien compris. Alors que l'usager passe parfois une demi-heure, voire quarante minutes à attendre qu'un guichet se libère, que son ticket soit affiché, à pester contre l'emmerdeur qui tente de resquiller en invoquant un simple renseignement, les agents de la Poste imputent leur nonchalance coupable à la direction. C'est beau le syndicalisme.

Ainsi, si des guichets ne sont pas ouverts, c'est parce que la direction a supprimé des postes, ce qui à la Poste contribue à m'embrouiller. Donc si le pékin doit ronger son frein, c'est la direction qui est responsable. Donc tous les clampins qui déambulent derrière les guichets, avec leur regard vide qui semble narguer la patience du consommateur (qui consomme quoi, à part du temps ?...), ne font rien à cause de la direction. Et à la privatisation. Donc, pour exprimer le mécontentement des citoyens bafoués, les postiers font grève.

Quel sens du devoir. Manifester pour les autres. Remonter par une action sociale l'indignation des clients. Voilà une formidable hypocrisie, une manœuvre basse et malhonnête. Pourtant je dois en souligner une certaine subtilité : comment puis-je me plaindre alors que ces postiers manifestent pour mon bien, pour l'amélioration du service ? Je serais donc un ingrat qui ne reconnais pas le sacrifice de ces travailleurs qui terminent tôt... Voilà une belle manipulation où l'on fait passer un blocage de plus pour vertueux, relayée par les moutons que sont ces journalistes qui plongent sans pudeur dans le piège qui leur est tendu.

La queue ouvre donc de nouveaux horizons au mouvement social. Dorénavant, nous devons être fiers de nos queues que l'Europe nous envie. Nous devons y trouver la source d'un renouveau et d'un monde meilleur. D'ailleurs la prochaine fois que j'irai à la poste, j'emmènerai de la compagnie : une chatte pour être moins seul dans la queue.



jeudi 17 septembre 2009

La fin des codes barres ?


Il y a des émotions que l'on aime partager.
Cliquez ici , vous ne serez pas déçu.

hadopi 2, happy de dos ?


Internet est un danger qui doit se ranger parmi les risques domestiques.

En effet, son usage peut entraîner de graves complications, avec séquelles. Sans parler de la simple addiction, pathologie sérieuse mais curable, l'exploitation à des fins domestiques de la puissance de cet outil peut conduire à la prison. Pire que les doigts dans la prise ou la tête dans le four, la main dans le sac constitue une menace réelle à l'équilibre du foyer.

Ainsi le législateur a validé une nouvelle loi, Hadopi2, qui place le consommateur "téléchargeur" en un immonde délinquant. On se trompe de responsable. Si un enfant attrape la bouteille d'eau de javel, c'est qu'elle était à sa portée. Qui en est responsable ? Les parents qui considèrent qu'interdire suffit à protéger, sans conscience. Il en est de même pour le téléchargement en peer-to-peer, le mécanisme qui permet de mettre en commun des ressources sur la toile. Le consommateur n'est qu'un enfant qui plonge la main dans le bocal de ce qui ressemble à des bonbons. Mais si ce bocal était inaccessible, la sécurité serait assurée. Et l'internaute ne risquerait pas d'aller en prison. En revanche, le vrai responsable est le fournisseur d'accès. Si l'on veut véritablement juguler des pratiques attentatoires aux revenus d'un travail, alors il faut réprimander avec sévérité les incitateurs au désordre, à la fraude, au détournement. Mais les lobbies de ceux qui ont intérêt à pénaliser le consommateur pour qu'il se résigne à aller acheter leurs produits aux marges indécentes, ont bien joué le coup auprès des pouvoirs publics qui se sont faits leurrer.

On me dira : nous les artistes, nous perdons de l'argent si le téléchargement libre (je refuse le terme de piratage qui n'a aucun sens) continue. Non. D'abord, les sites de téléchargement, où l'on paie le morceau que l'on veut écouter, sont rentables. Donc les droits sont payés. Ensuite, on sait bien que les passages audiovisuels (radio et surtout télévision) sont plus rémunérateurs que la vente de disques. Donc si un artiste se voit téléchargé, c'est que sa notoriété se développe, donc sa visibilité sur les médias aussi. Les grandes vedettes ou les grands films ne craignent pas ce téléchargement, car ils sont confortés dans leur réussite. Les oldies retrouvent une jeunesse grâce à ce procédé. Les artistes moins connus, les producteurs au succès moindre, alimentent l'argument des majors en montrant du doigt le téléchargement libre pour justifier des résultats insuffisants. Moi, si un de mes livres était téléchargé, j'en serais très fier ! Cela voudrait dire que j'ai été publié et que des lecteurs s'intéressent à ce que je commets.

Cette loi ne changera rien. les ventes ne décolleront pas, et pour une raison déjà développée dans Help, mon billet du 11 septembre. Mais cette mesure dicrimanatoire fait du pékin moyen un nouveau coupable des méfaits de la société. Le vilain libertaire empêche les profits de tourner en ronds, passant des mains des uns aux mains des autres, toujours les mêmes du reste. Eux, ils ont la main dans le sac à billets, confis dans leur pouvoir. Cette puissance pourrait bien brûler les ailes de ces Icare de pacotille. Quant au législateur, il a fait son devoir et continue son chemin, auréolé de la tâche accomplie, indifférent, tournant le dos au peuple.

Pour ma part, je veux être le premier auteur téléchargé librement !

mercredi 16 septembre 2009

Recyclages

Finalement notre quotidien est un parangon de récupération.

Nous travaillons trop. Alors nous récupérons, grâce à cette magnifique invention que sont les RTT. La gestion de ces temps de récupération devient à elle seule une occupation importante, presque un travail. peut-être faudrait-il envisager des RT-RTT pour récupérer des RTT... Du reste, le temps de travail devient assez minime car entre les trajets, les pauses, les cigarettes, on est à peine arrivé au boulot qu'il faut déjà penser à repartir. A cet égard, l'interdiction de fumer empêche le travailleur honnête d'exercer son métier avec fluidité. En effet, pour assouvir son envie pressante de nicotine, il doit sortir de son bureau, aller à l'espace fumeur qui se trouve en des étages lointains, taper la causette (et ça peut durer) avec ses coreligionnaires, puis revenir à son bureau qui se trouve en des étages lointains, et retrouver le rythme, ce qui prend encore quelques minutes. Allez, pour fumer, il peut prévoir une bonne demi-heure... Avant, on allumait une clope à son bureau et on continuait de bosser. On se moque du travailleur, ces conditions sont inacceptables. C'est bien pour ça qu'il faut récupérer.

Je plaisante, mais dans certaines entreprises, les "conditions de travail" poussent, paraît-il, au suicide. Ce geste m'inspire une grande tristesse, voire une grande compassion à l'égard des gens qui pensent que la solution réside dans la disparition, et qui transforment leur détresse en violence. Mais je ne peux croire que l'entreprise est seule responsable. Certes, la pression, parfois le harcèlement, peuvent conduire à des extrémités. Ils sont en l'occurence le catalyseur des difficultés extérieures, des peines et des inquiétudes. Ils s'ajoutent aux poids du quotidien, qu'ils soient sentimentaux, financiers ou juste existentiels. Le choix de l'entreprise pour cadre du suicide répond à un besoin d'attirer une dernière fois l'attention des autres sur ses désarrois, de focaliser sur sa personne afin de montrer que le mal était profond et véritable. De plus, on peut noter, sans irrespect, que certaines tentatives ne conduisent pas au trépas, Dieu merci, et permettent aux partenaires sociaux de récupérer l'événement pour stigmatiser ces déplorables "conditions de travail".

Car évidemment, puisque les médias le disent, ces actes impliquent la responsabilité des dirigeants, de leur âpreté au résultat, et les syndicats s'engouffrent dans la brèche, une nouvelle occasion de faire valoir leur application à défendre le salarié. Le procédé est, à mon sens, parfaitement malhonnête. Il témoigne de cette propension indécente à faire d'un incident un sujet de révolte, de lutte, d'opposition. Et les relais d'opinion accompagnent ce mouvement sans prendre de recul parce que le type qui se donne la mort dans son bureau, ça c'est de la nouvelle, coco ! Belle récupération.

Les grands récupérateurs de tout matériau qui traîne sont bien les journalistes. Ils me font penser à ces gogos qui se font piéger dans la rue par l'indigent trouvant à leurs pieds un anneau d'or, leur cédant le bijou pour une petite pièce... Ces journalistes ne voient que l'anneau, mais pas la mise en scène. Ils plongent dans le bain fangeux et y barbotent avec délectation. J'exagère ? Pas tant que ça si on regarde la polémique autour d'Hortefeux.

Oui, il a prononcé des propos intolérables, même si c'était une plaisanterie. On peut rire de tout, sauf quand on est ministre. C'est le site du Monde qui a mis en ligne la vidéo et en a fait le titre premier de sa page d'accueil. Si Le Monde le dit, alors c'est du garanti. Et toutes les rédactions de bifurquer comme une belle section d'assaut vers ce nouveau bastion à prendre. Curieusement, le militant incriminé réfute toute insulte. C'est normal, il est militant, il a vu le ministre et il en est encore tout chose. Soit. Mais plus intéressant, le recteur de la Grande Mosquée de Paris minimise et disculpe le ministre d'avoir eu l'intention de proférer des paroles racistes. Qu'importe, les journaux n'en ont cure, ils poursuivent leur démarche de récupération et de recyclage. Sans pudeur.

Tout est récupération, surtout en politique. Un livre accuse de fraude, on récupère des bribes pour en faire un soufflé. Un ministre refuse de signer un décret inique, on récupère pour dénoncer le manque de considération du travail parlementaire. Un virus nouveau apparaît, on récupère pour affoler les populations et entretenir les ventes... La liste est longue et fastidieuse. Elle illustre l'éternel précepte de Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Réjouissons-nous. Nous sommes bien dans une société où le recyclage est installé. Toutes ces récupérations procèdent d'une écologie sociétale dont nous devrions pouvoir être satisfait. Moi, ça me désole.

vendredi 11 septembre 2009

Help

11 septembre.

Cette date sonne comme un rendez-vous incontournable avec l'histoire depuis... l'enregistrement de Love me do par les Beatles, le 11 septembre 1962, bien sûr ! Leur premier single... ça nous rajeunit pas, ma bonne dame !

Hier, en grandes pompes, avant que Brice ne dérape sur une peau de beur, la presse nous a abreuvé de la "remasterisation" (je n'aime pas les barbarisme, mais faut bien vivre avec son temps) de l'intégrale des Beatles. Ainsi, les journaliste affirmaient que les technologies modernes, effaçant "les imperfections", genre gratouillis, bruits de studio, crachements parasites ou autre son de la vie de la musique, permettaient enfin de profiter du son pur de ces morceaux, ce nettoyage numérique leur donnant plus de relief... Personnellement, je préfère les fameuses imperfections et surtout le son analogique de l'époque car toute la chaîne technique était conçue pour ce son. La dynamique des basses, la clarté du charleston, le timbre des voix, le pincé d'une corde de guitare, j'aime quand mon diamant vibre dans le sillon de la galette noire...

Mais tout cela n'est que doctrine et esthétique. L'information corrélée à cet événement musical est l'éternelle rengaine des maisons de disque, la complainte des pauvres majors auxquelles les vilains pirates de la Toile volent l'argent qu'elle gagnent dans l'exercice de leur labeur si vertueux... Alors que la chronique sur les Bealtes explique que les consommateurs s'arrachent cette nouvelle édition, que les stocks vont s'épuiser plus vite que ce que l'on imaginait, elle termine dans une contradiction sublime, arguant sans frémir que le public n'achète plus de disque car il télécharge des morceaux "piratés". Les bras m'en tombent.

Il y a dans un tel propos une hypocrisie coupable que les rédactions feraient bien de contrôler. Les raisons pour lesquelles le public n'achète plus certains disques relèvent de deux ordres : la médiocrité de l'offre et le prix dissuasif de cette médiocrité.

Car il est indéniable, qu'à de rares exceptions près, la production musicale de ces dernières années dans le domaine de la variété laisse sur sa faim. Peu de créativité, de faux artistes fabriqués de toutes pièces par les usines à clones que sont les Star Ac' et autres Nouvelle Star, des paroles creuses, rien n'engage à investir sinon le harcèlement médiatique et l'emballement populaire, soigneusement orchestrés par les lobbies des majors. Elles se plaignent de ne pas vendre assez, mais qui a véritablement envie d'acheter une mauvaise qualité ? Pourquoi s'arrache-t-on la réédition des albums des Beatles ? Parce que le talent créait la qualité, l'inventivité y génère le désir. Alors le fana est peu regardant sur la somme qu'il lui faut consentir, il achète parce qu'il sait qu'il ne sera pas déçu. tout l'acte d'achat se résume dans ce geste. Le plaisir, l'absence de déception, le rêve réalisé parfois, et la satisfaction d'être l'acquéreur d'un produit sans mauvaise surprise. C'est là que la notion de prix prend tout son sens. Payer beaucoup pour un produit très bien, soit, mais payer trop pour un CD fade et sans étincelle, non.

Si la complainte des maisons de disques égrène sans répit la même mélopée autour des baisses des ventes de disques, on ne les entend pas sur les revenus issus des produits dérivés. Certaines marques se vendent très bien, indépendamment des simili-chanteurs qui les soutiennent. Lorsque les directeurs artistiques, qui n'ont de cette fonction que le nom, auront été ramenés sur terre et à des salaires raisonnables, lorsque les majors tenteront de retrouver de vrais artistes, de promouvoir les talents et cesseront de fabriquer des marionnettes de chair, lorsque la chaîne de distribution aura compris que c'est le volume et le long terme qui sont rémunérateurs et pas le coup facile et artificiel, alors le public reviendra vers l'achat de ces petits disques irisés.

Pour le moment, il préfère prendre les itinéraires de remplacement, éviter les péages et flâner sur les routes de campagne. L'air y est plus pur.

mercredi 9 septembre 2009

Armement durable

3 septembre 1939. Réagissant à l'invasion de la Pologne par les troupes allemandes, la France déclare la guerre, une nouvelle fois, à son voisin d'outre-Rhin. La “drôle de guerre” commence dans le désordre, le manque d'ordres et les ordres ineptes. Débâcle, exode, appel, armistice, occupation, résistance, dénonciation, déportation, extermination, collaboration, débarquement, libération, reddition, tous ces mots évoquent cette époque trouble, complexe, où le faux-pas était à l'affût dans chaque décision, où le bon sens se heurtait à l'idéologie, où la survie dictait les choix, même les pires.

70 ans plus tard, nous sommes toujours dans une situation de guerre. Certes, le décor, l'ennemi, le contexte, tout a changé. Mais nous luttons avec des armes pour défendre nos valeurs et notre sol. Des hommes, des soldats français, meurent au combat. Ce n'est plus à nos frontières, ils tombent sur des territoires lointains, contre des ennemis inconnus. La lutte contre les forces du mal, comme ce président inconséquent que fut Georges Bush l'avait pompeusement désignée, se déroule en des lieux chauds, rugueux, où l'ennemi ne porte pas d'uniforme, où le champ de bataille n'existe pas, où l'angoisse du combattant ne connaît pas la trève des lignes arrières. Il n'y a pas de lignes arrières…

Je ne veux pas ici disserter sur le principe du conflit continu, ni sur son bien-fondé, encore moins sur les stratégies et tactiques qu'il convient de développer pour le gagner. Mais je m'interroge sur ce qui pousse l'homme moderne, tourné vers le loisir, recherchant une douceur de vivre, à entretenir des foyers de combats.

A qui profite cette situation ? Qui tire de cette tension permanente un intérêt constant ? Les vendeurs d'armes. Nous sommes en situation de crise depuis quelques mois, enfin si l'on se fie à ce que les journalistes tentent de nous faire croire. L'industrie automobile dérape, les banques deviennent pauvres, l'immobilier se lézarde, les services ne sont plus ce qu'ils étaient. Mais un secteur continue de bien se porter : l'armement. Nous vendons des sous-marins, des avions, des radars, et tant d'autres équipements dont personne ne parle. Nous alimentons les arsenaux étrangers en missiles, en technologies, en une puissance de feu que seule notre dissuasion nucléaire est en mesure de tempérer. Nous bombons (sans jeu de mot…) le torse dès qu'une commande d'armement tombe dans l'escarcelle de notre industrie. Comment ne pas imaginer que les conflits sont soigneusement fomentés pour entretenir des lobbies de profiteurs ? Je pose la question, et j'espère une réponse…

Si encore la technologie de la guerre améliorait celle de la paix. Il n'en est rien. Les rares technologies duales, terme qui désigne une technologie militaire applicable dans le civil, passent inaperçues à nos yeux éblouis par les paillettes et les apparences d'un quotidien trompeur. Ou alors elles sont tellement intégrées dans notre vie de tous les jours qu'il est incongru de penser qu'elles viennent des armes. Un exemple ? Le four à micro-ondes. Un jour, un ingénieur travaillant sur ce type d'ondes dans une entreprise japonaise, fabriquant des radars, effectua une mauvaise manipulation et fit fondre ce qui se trouvait devant un canon d'ondes micrométriques, c'est-à-dire à très haute fréquence. On se rendit compte que l'agitation moléculaire induite par un faisceau d'ondes ultra-courtes pouvait chauffer par l'intérieur une structure qui y serait exposée. Ainsi naquit le four qui équipe toute maisonnée (ou presque). Quant à Internet, notre toile à tous, ce sont les militaires américains qui développèrent dans les années 70 le réseau Arpanet, portant le protocole IP, comme maillage de secours sur le territoire US. On ne peut parler véritablement de technologie duale car les applications universitaires puis publiques sont la continuité de l'existant et pas la dérivée d'une version militaire.

Les poudres et explosifs, les canons, les chars, les missiles, et autres instruments dont la délicatesse diaphane se dessine rien qu'à l'évocation de leur nom, n'ont aucune application immédiate dans notre parcours quotidien. En tout cas, aucune utilisation ne découle d'une maîtrise acquise par l'armement. Même l'aéronautique échappe à cette notion de dualité. Toutefois, certains industriels développent leurs compétences dans des axes civils autant que militaires. Les EADS ou Thalès, tout comme Dassault ou Safran, proposent dans leurs catalogues des équipements destinés à des domaines civils qui n'ont rien en commun avec les matériels développés à des fins de défense. Dans la grande majorité, les chiffres d'affaire réalisés dans l'armement sont supérieurs à ceux du secteur civil, pour une entreprise donnée. Et cela ne risque pas de changer. L'ancien militaire que je suis ne crache pas dans la soupe, je n'ai jamais été un salarié de cette industrie. En revanche, j'ai servi sans état d'âme avec ces matériels performants, dont j'étais plutôt rassuré d'être l'utilisateur. Je crois simplement qu'il serait temps de sortir de notre enfermement nombriliste et de réguler avec fermeté les potentiels militaires des acteurs de cette planète.

L'armement constitue une industrie protégée, choyée et supportée par les dirigeants de ce monde. Elle ne connaît pas la crise, nourrit des milliers de travailleurs et en tue d'autres milliers. Elle participe de l'enrichissement de dizaines de politiques et d'intermédiaires, et poursuit sans embûche son chemin sur la route du profit. Elle n'est pas prête de disparaître…

Ce doit être ça, l'écosystème, un équilibre entre ceux qui vivent et ceux qui crèvent…

mardi 8 septembre 2009

Icare maritime

Dimanche, sur le plan d'eau d'Hyères, un bateau à voiles a franchi la limite théorique des 50 noeuds à la voile. La “une” d'un grand quotidien national nous annonce 100 km/h. Je m'étonne.Le record

50 noeuds, c'est un peu plus de 92 km/h. Pas 100. Le record établi, qui doit être validé par les instances internationales, est de 51,36 noeuds sur 500 mètres. Je vous fais le noeud à 1,852 km/h ce qui nous fait 95,12 km/h. Pas 100. Où est l'extase ? Et puis d'abord, qu'est-ce que l'hydroptère ?

Imaginez un trimaran comme on en voit pour les grandes courses telle la Route du Rhum. Une vingtaine de mètres de carbone, de matériaux composites, de technologie concentrée (et très onéreuse), pas de place pour se loger, un pur engin de vitesse. Bon, et après ? Après, ça devient intéressant car ce bateau navigue sur des foils, c'est-à-dire des ailerons attachés à la quille de chaque coque, pour faire simple. Aux basses vitesses, jusqu'à 15 noeuds environ, il se comporte comme tout bateau de ce type, évoluant sur ses coques. Mais dès que le vent le propulse plus vite, il “monte” sur ses foils et ne repose plus que sur trois patins. Et là, il entre dans une nouvelle dimension.

Barrer un trimaran de course est déjà quelque chose. Les grands surfs à 25 ou 30 noeuds, quand ce n'est pas plus, requièrent une concentration et une précision de pilotage extrêmes. Mais lorsque l'engin se met à planer, soulevant ses 7 tonnes à plus d'une mètre au dessus de l'eau, le moindre écart de barre devient un danger. Aussi, contrôler l'hydroptère constitue déjà un exploit.

L'intérêt de naviguer sur foils est de réduire la traînée hydrodynamique, c'est-à-dire le frein que représente le frottement des coques sur l'eau. Mais il est évident que cette position est instable et ne peut se révéler efficace que si le plan d'eau est bien plat, ou ne présente qu'un clapot faible. Eric Tabarly l'avait bien compris, lui qui avait conçu ce bateau. Il en avait construit une maquette à échelle réduite, mais les connaissances techniques insuffisantes et les moyens de calcul limités des années 70 l'obligèrent à remiser ce projet. Avec son assentiment, Alain Thébault en reprit le développement en 1990. Je me souviens d'ailleurs bien de cette époque où je travaillais aux côtés de Lionel Péan, un autre skipper qui eut son heure de gloire en remportant la course autour du monde en équipage. Nous étions partenaires de Rhône Poulenc pour développer un engin de vitesse qui devait atteindre 100 km/h… Thébault nous avait contactés pour recueillir notre avis, voire s'associer avec notre sponsor. Nous n'y avions pas cru, connaissant déjà pour notre modeste projet les montagnes techniques qu'il fallait bouger avant de pouvoir faire naviguer une simple planche à voile (très) améliorée.

Alors on nous annonce que ce bateau a franchi le mur du vent… 100 km/h qu'il n'a pas atteint. Voilà la preuve de l'imprécision et de la fabrication d'une nouvelle à sensation par des journalistes peu scrupuleux ni respectueux de leur métier. D'abord l'information est fausse car la limite n'est pas franchie, encore moins validée. Mais ce mur du vent… Une invention médiatique pitoyable. Si mur du vent il y a, il est pulvérisé depuis longtemps : le char à voile, dont la seule énergie motrice est fournie par le vent, a depuis belle lurette dépassé cette limite puisque le record du monde est de l'ordre de 155 km/h… Mais ces considérations n'enlèvent rien à la performance de l'hydroptère qui me fait rêver.

Ce qui me laisse plus sceptique est la suite que Thébault veut donner à ce record. Il veut traverser l'Atlantique en 60 heures (théoriquement possible) et faire le tour du monde en 40 jours… Ma perplexité atteint un sommet. Ce qui fonctionne sur une mer calme se heurte immanquablement à de nouvelles données dès que la mer s'anime, ce qui est le cas en haute mer. Que donnera ce bateau dans les quarantièmes rugissants ? Et sans aller aussi loin, comment va-t-il se comporter dans une bonne dépression du golfe de Gascogne, un coup de chien dont les marins se souviennent encore ? Les rares tentatives hauturières de l'hydroptère se sont soldées par des déconvenues pas négligeables, dont un retournement. En admettant que le bateau passe dans des mers formées, sans casser et dans une relative stabilité, comment l'équipage supportera-t-il le bruit infernal des 50 noeuds d'air et de mer qui défilent autour de lui pendant plus de 24 heures ? Et les chocs contre les coques ne risquent-ils pas à la longue de disloquer le bateau ? Alain Thébault risque surtout de se brûler les vergues à vouloir défier les éléments qui l'accueillent.

Je souhaite que les 100 km/h soient atteints et dépassés. Ce ne serait que l'illustration de la théorie développée par Manfred Curry qui a démontré que l'on pouvait aller jusqu'à 7 fois la vitesse du vent réel à la voile. Nous en sommes loin et en même temps sur le chemin. Alors hardi, les gars, la main d'ssus, à border le grand hunier et vogue le navire !

lundi 7 septembre 2009

Sim est parti faire des grimaces aux anges

Sim est mort hier. Cette nouvelle m'a peiné, je connaissais un peu cet homme délicieux.

La première fois que mon père l'avait rencontré, j'avais été étonné. Sim cherchait un pianiste, mon père était disponible, alors l'affaire se conclut. Cette réunion me semblait une incongruité insigne, sorte d'union de la carpe et du lapin. Quoi, mon père, ancien pianiste des Frères Jacques, tombé si bas qu'il fricote avec cet amuseur grimacier et vulgaire ? Du haut de mes vingt ans idéalistes, dans ma bulle de jeune officier, chevalier des mers et combattant des vagues, je ne voyais dans ce duo que la déchéance paternelle, et j'en nourrissais une tristesse impuissante.

Plus tard, après que le chevalier soit redevenu roturier, après que les vagues de la vie aient vaincu mes idéaux, Sim et mon père unirent de nouveau leurs destinées.

C'était après une longue nuit, de celles qui durent des mois, au cours de laquelle mon paternel et moi avions joué aux coqs… Je ne l'avais pas vu depuis deux ans lorsque j'apprends par la presse qu'il va interpréter un rôle dans la pièce que Sim a écrite Une cloche en or. Le voilà donc de retour à la scène, et une belle, celle du théâtre des Nouveautés. Mais mon père acteur ? A l'affiche, ils sont quatre : Sim, Henri Guibet, Florence Brunold, et Hubert Degex. Sur scène aussi. Un après-midi de septembre, peu avant la première, je me glissai dans la salle pendant une répétition. Et là je vis mon père debout sur un plateau. Lui que je n'avais jamais vu qu'assis à son piano, exhibant son profil droit, et dans un smoking d'un noir bleuté parfait, je le découvris marchant, parlant, prenant des airs, répondant aux autres, jouant la comédie…

Sim me fut présenté à l'issue de cette séance. Je craignais cette rencontre comme on craint de devoir se trahir. Mon étonnement fut à la mesure de ma réserve quand je perçus un homme doux, posé, vif et chaleureux. L'opposé de ce que j'avais imaginé. Par la suite, à chaque visite dans les loges, notre lien tenant à peu de choses se fit plus proche, sans intimité ni camaraderie, juste ce sourire, cette poignée de main, ce regard pétillant qui parlent sans rien prononcer. Un dimanche de l'automne 1994, la pièce se donnait à Deauville, en matinée. Mon père me proposa de les y retrouver. Dans les loges, avant le spectacle, les calembours allaient bon train. Puis vint le dernier rappel, et le temps d'aller dîner. J'allais me retirer mais toute la troupe insista pour que je les accompagne. Alors je les suivis dans une brasserie de Trouville où je passai une inoubliable soirée.

Lors de ce repas, Sim et moi en vinrent à discuter de cigares. Je ne me rappelle plus les autres sujets où il m'impressionna par son érudition et sa culture, je me souviens juste de cette simplicité qu'il exprimait dans la discussion et de la pertinence de ses remarques, éclairant telle conversation, animant telle autre. Donc nous devisions sur le cigare. Durant une vingtaine de minutes, nous échangeâmes sur ce sujet, partageant nos goûts, relatant des souvenirs de modules… Moi qui commençais à penser que je maîtrisais le sujet, je me rendis compte que je n'étais qu'un novice qui avait devant lui un territoire entier à explorer…

Quelques jours après ce moment de plaisir absolu, mon père me fit savoir qu'il voulait me remettre un paquet de la part de Sim. Intrigué, je le retrouvai chez lui où il me donna un petit colis de la taille d'un livre. Je le déballai avec impatience et à l'intérieur, une boîte de Davidoff accompagnée d'un petit mot charmant grava cette rencontre dans ma mémoire. Par amitié, parce qu'il était gentil par nature, Sim m'avait fait un cadeau.

Cette anecdote revient souvent à mon esprit. Elle a pris depuis hier une tendresse particulière. Maintenant, quand je fumerai un beau module, je regarderai les volutes pour voir si une grimace de Sim ne s'y cache pas…

Le croc-en-jambe de Bayrou

Je ne peux, pour commencer ce blog, m'empêcher de réagir à la dérive de François Bayrou.

Pour être franc, j'étais tenté par l'aventure centriste car je suis un déçu de Sarkozy. J'attendais un président de la République, nous avons un habitant de l'Elysée, un profiteur institutionnel, qui confond la mission suprême qui lui est confiée avec un monopoly géant où il parade sans pudeur. Ayant milité à ses côtés pour enrayer une dérive sociétale, je ne pouvais que quitter la rue dela Boétie avec un sentiment de déception.

Alors me voilà flirtant avec le MoDem, ce qui ne manque pas de charme pour l'homme des télécom que je suis. Me voilà rencontrant un adjoint, président de fédération, m'impliquant dans la mesure de mes possibilités, voyant dans les européennes un nouveau terrain d'idées, un nouveau terreau pour fertiliser les jeunes pousses et redonner de la sève aux vieilles souches. A la sortie du livre de Bayrou, Abus de pouvoir, je pressentais le début d'un réglement de comptes néfaste. Puis survint le dérapage, grossièrement amplifié et déformé par les médias, certes, mais dérapage tout de même, face à Coen-Bendit. Et la claque de l'élection, alors que les tendances montraient la renaissance du centre. Mais une bataille perdue peut enseigner bien plus au perdant qu'au vainqueur.

J'espérais une réorganisation profonde du MoDem lors de ces universités d'été. Bayrou a choisi de vendre son âme au diable : il tend la main à la gauche, à un PS moribond. Il poursuit son travail de vengeance personnelle à l'encontre de Sarkozy, sans tenir compte des militants, des adhérents et de ceux qui ont choisi le centre précisément pour sortir de la logique gauche-droite dont notre vie politique souffre. Un chef, quel qu'il soit, ne peut nourrir dans ses décisions un intérêt personnel, il est là pour la collectivité qui lui donne sa confiance. qui plus est en politique. L'abus de pouvoir qu'il dénonce, il en est aujourd'hui le chef de file, le porte-drapeau. Lui, le pourfendeur du profit institutionnel que j'aurais pu suivre fait un croche-pied minable à ceux qui voyaient en sa personne un porteur de valeurs plus tournées vers l'individu.

En l'occurence, c'est uniquement vers lui qu'il se tourne, et il est bien au centre de sa petite personne. Qu'il y reste. Il n'a pas l'envergure du grand homme politique qu'il prétend être.