vendredi 29 janvier 2010

La mer n'est jamais loin...


...dans ce que j'écris.

Mon dernier roman, tout juste sorti. Il est disponible sur le site de l'Harmattan, ou dans toute librairie.

Voici le résumé qui figure au dos :

Entre le ciel et l'océan, deux hommes se rencontrent.

Paul habite en solitaire une petite maison au bord de mer. Louis vient se ressourcer dans une anse voisine. Leur occupation commune consiste à profiter de leurs points de vue sur la vie, et à converser sur divers sujets. Paul, vieux sage calme et posé, tente d'ouvrir les yeux de son interlocuteur, auteur comprimé par la ville et ses habitudes égocentriques. Louis a connu le succès littéraire et vient chercher dans la solitude littorale de nouveaux leviers afin de poursuivre ses travaux d'écriture.

Leurs échanges les conduisent sans attendre sur le chemin de l'amitié, construite au fil de leurs moments improbables au cours desquels Louis se débarrasse d'une carapace encombrante. Lorsque Paul sent que son compagnon quotidien est prêt à l'entendre, il lui livre un secret pesant.

Louis, pour sa part, se trouve transformé par cette semaine riche et puissante où un homme inconnu lui a transmis une forme de grâce. Dans le vent d'un soir, se matérialise leur amitié dont Louis devient le gardien éternel.


Bonne lecture.

mercredi 13 janvier 2010

Caroline K, le talent en mouvement


C'était à la fin du mois de juin 2009. Au pont inférieur d'une péniche, aux pieds de la tour Eiffel, une artiste peintre exposait son travail pour la première fois.

Dans un longue et large coursive, des toiles sont accrochées sur un bord, des toiles multicolores, où les bayadères se mêlent aux tortillons et aux fleurs, dans une harmonie de tonalités qui dénotent la maîtrise technique. Sur l'autre bord, face à ces toiles où l'on devine une suite puissante, pendent avec malice des dessins au galbe pur, mettant en scène des petites poules qui souvent tentent de transgresser la rigidité du monde en passant une patte par un carreau, ou s'accrochant à la lune comme à un ballon qui vous emporte pour fuir le vacarme quotidien. Le charme de ces personnages se retrouve dans les oeuvres que l'on découvre plus loin.

Au bout de cette coursive, les première poules sur des codes-barres nous sourient. Poules, poussins, la basse-cour s'ébroue sur des lignes noirs, que soutiennent des chiffres. Oui, ce sont bien des codes-barres, posés sur la toile comme les barreaux d'une prison sociétale. Les gallinacées, couvertes de fleurs plaquées et de couleurs vives, écrasent par leur légèreté ces témoins d'une civilisation du formatage, de la consommation à outrance, de l'enfermement dans les conventions et les acquis. Les poules ont l'air de bouger sur la rugosité d'un univers que Caroline K surmonte par la fraîcheur et la vérité de son art.

La dextérité de son trait associé à la finesse des couleurs nous transportent dans un monde où la révolte latente s'exprime avec humour et délicatesse. Dans le grand carré arrière s'affichent les toiles majeures par leur taille et leur sujet. Car il ne s'agit plus seulement de poules esbaudies, au regard mutin ou à la moue lascive, mais d'une fillette aux cheveux d'or, d'hommages pertinents à Magritte et à Mondrian, et d'une immense girafe à la robe fleurie, au regard interrogateur tourné vers ce tableau où les espèces animales en voie de disparition se succèdent, la dernière étant l'être humain, toujours sur fond de striures sombres. La force et l'énergie de ces grands châssis nous disent, en courbes précises et assurées, en contrastes marqués dans une luminosité remarquable, que Caroline K est plus qu'un peintre. Elle est un miroir, une traductrice de la société destructurée dans laquelle nous devons évoluer, en dépit des apparences formelles qui semblent nous guider chaque jour.

Après cette exposition, j'eus le plaisir, voire le privilège, de visiter son atelier. Dans une pièce de son domicile où chaque mur porte au moins une de ses créations, galerie chatoyante autant que privée, sous le toit percé d'un velux, son chevalet soutient sa dernière toile. Son dernier code-barre, me dit-elle. Une femme nue, au visage rentré dans les genoux, assise comme en tailleur, laisse sa chevelure couler sur ses jambes. Drapée d'un voile imprimé de fleurs et de pois aux multiples couleurs, elle montre dans sa nudité la fragilité de l'artiste qui surmonte l'âpreté des rayures sombres. Ce voile qui s'enfuit de la toile appelle la suite de son parcours pictural. Elle m'offre la possibilité de contempler d'autres travaux, et je découvre la face cachée de ce peintre aux facettes nombreuses, kaléidoscope vivant qui explore dans chaque tableau un thème qui lui est cher. Elle possède une zone interdite, un territoire sombre qu'elle conserve pour le moment, où les déchirures et les lumières de la nuit se retiennent pour un jour mieux éclater aux yeux du public.

La musique constitue un autre domaine où son sens artistique trouve un terrain expressif. Auteur-compositeur de chansons, pianiste avertie, elle eut en 1990 un succès londonnien qui ne trouva pas d'écho en raison d'obligations familiales et maternelles. Mais elle poursuit son chemin sur cette voie dans l'écriture récente de chansons aux textes acérés, tendres et précis, portés par des mélodies simples et pénétrantes comme ses tableaux. Son temps est consacré à la peinture, mais ses qualités musicales pourraient recevoir une réelle reconnaissance le jour où elle se penchera de nouveau sur son clavier.

Caroline K est un artiste réaliste, plus que figuratif. Elle peint avec précision, ignore le noir mais le fabrique si besoin, et parle de ses influences avec une réserve qui exprime son respect pour Klimt ou Kandinsky. La couleur est un véritable mode d'expression, les formes représentent l'esprit et l'assemblage construit une oeuvre éclectique, riche et poignante. Au mois de décembre, au cours d'une déambulation au marché de la création de La Bastille, je tombe sur son stand. Elle est là, entourée de petits tableaux où l'on retrouve ses petites poules. En particulier, les poules à Caro, clin d'oeil personnel, sont des petits formats où des poulettes rebondies, faites de papiers peints, se prélassent sur fonds de carreaux ressemblant à du Vichy de différentes nuances. Caroline K m'explique qu'elle se dédouble et crée Caroline K Pop, ligne de toiles accessibles, plus décoratives, sur des supports de lin naturel par exemple. Sa créativité et sa gaieté se retrouvent dans ces travaux légers et de grande qualité. Dès qu'elle manie son pinceau, quel que soit le format ou le sujet, elle saisit le regard et parvient à dire sa sensibilité, sans forcer, sans procédé ni tricherie. C'est là le vrai talent.

Il faut, sans hésiter ni tarder, découvrir Caroline K. Que ce soit sur son site internet web.mac.com/caroline.k ou son blog http://kotlapoule.over-blog.com, ou que ce soit dans ses expositions à venir (voir le programme sur son site, rubrique actualité). Cette artiste en pleine évolution recèle un potentiel qui va devrait prendre valeur dans les années à venir. Du reste, ses récentes toiles sur le mouvement confirment son brio, qu'elle parvient à faire progresser tout en conduisant une vie de famille en tant que mère de trois filles.

Le talent finit toujours par être apprécié. Caroline K est un cas remarquable qu'il nous appartient d'encourager en propageant notre plaisir de contempler ses oeuvres.