mercredi 13 octobre 2010

Cette vieille jeunesse...



C'est quand même curieux que les extrêmes soient à ce point érigés comme des standards. Je m'explique.

Une récente publicité dérangeante a couvert de ses visuels repoussants les espaces publicitaires (trop nombreux) de nos villes. On y voyait quelques vieux déguisés en jeunes, avec une accroche, une supplique, un souhait malsain appelant à ne pas vieillir trop vite... Et alors quoi ? Vieillir est une tare ? Faut-il rester dans les canons d'une jeunesse étouffée par les apparences pour exister dans notre société en perte de repères ? Faut-il s'habiller comme nos enfants pour avoir encore le droit de se mouvoir dans nos cités formatées par les magasins de fringues ? Rester jeune, voilà donc le salut pour ces vieux qui communiquent sur facebook à partir de leur iPod ... Si t'es vieux, sois au moins invisible, cache-toi et fais pas chier... En tout cas, je ne mets plus les pieds chez Virgin qui ne veut pas de moi, quinqua sénile et ventripotent, engoncé dans des costards bon marché, qui ne sait ni surfer ni se bousiller les tympans avec des écouteurs accrochés aux lobes.

De l'autre bord, le débat sur les retraites éveille le dynamisme de notre jeunesse mature et responsable... Aujourd'hui, j'ai remonté le cortège de la manifestation qui s'étirait mollement de Montparnasse à Bastille. Je déjeunais à Maubert, et pour rentrer à mon bureau de vieux du boulevard Raspail, je suis allé à contre-courant, comme un saumon qui lutte contre le flux irréversible du fleuve. Pendant que la tête du lombric géant glissant sur le pavé se trouvait à la Mutualité, je pus constater en traversant la rue de Rennes que les derniers étaient encore au niveau de Montparnasse. Il y avait vraiment du monde. Mais ce peuple qui pense pouvoir inverser le cours des choses en battant la chaussée était composé pour les deux tiers d'étudiants, de lycéens, de jeunes godelureaux inconscients. Au cri de "Sarkozy t'es foutu, la jeunesse est dans la rue !", ils se donnaient des airs d'héritiers sans mérite de leurs parents, voire leurs grands-parents, qui cherchaient une plage sous les pavés en mai 1968. Quelle dérision... Qui sont ces jeunes de la génération zapping qui se projettent cinquante ans plus tard ?... Qui sont ces pauvres bougres qui écoutent le chant des sirènes d'une contestation infondée ? Qu'ils s'inquiètent plutôt de leurs études et se projettent sur leur futur métier, qu'ils ont déjà bien du mal à visualiser ou à choisir, au lieu de croire que leur branlette simili-politique va leur garantir un avenir. Ils ne savent déjà pas ce que c'est que travailler et on leur rebat les oreilles avec un disours sur la retraite... Que les hypocrites syndicaux et politiques qui les envoient jouer aux grands cessent de mettre en avant ces gamins pubères pour défendre des positions qui ne concernent qu'eux.

Alors d'un côté, il ne faut pas vieillir, et de l'autre on envoie les jeunes au casse-pipe pour défendre les vieux... Ben moi je suis un vieux jeune qui espère bien pouvoir être productif le plus longtemps possible, au service de mon pays, et un jour pour le plus grand plaisir de mon éditeur !

Qu'on se le dise !





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