jeudi 17 septembre 2009

hadopi 2, happy de dos ?


Internet est un danger qui doit se ranger parmi les risques domestiques.

En effet, son usage peut entraîner de graves complications, avec séquelles. Sans parler de la simple addiction, pathologie sérieuse mais curable, l'exploitation à des fins domestiques de la puissance de cet outil peut conduire à la prison. Pire que les doigts dans la prise ou la tête dans le four, la main dans le sac constitue une menace réelle à l'équilibre du foyer.

Ainsi le législateur a validé une nouvelle loi, Hadopi2, qui place le consommateur "téléchargeur" en un immonde délinquant. On se trompe de responsable. Si un enfant attrape la bouteille d'eau de javel, c'est qu'elle était à sa portée. Qui en est responsable ? Les parents qui considèrent qu'interdire suffit à protéger, sans conscience. Il en est de même pour le téléchargement en peer-to-peer, le mécanisme qui permet de mettre en commun des ressources sur la toile. Le consommateur n'est qu'un enfant qui plonge la main dans le bocal de ce qui ressemble à des bonbons. Mais si ce bocal était inaccessible, la sécurité serait assurée. Et l'internaute ne risquerait pas d'aller en prison. En revanche, le vrai responsable est le fournisseur d'accès. Si l'on veut véritablement juguler des pratiques attentatoires aux revenus d'un travail, alors il faut réprimander avec sévérité les incitateurs au désordre, à la fraude, au détournement. Mais les lobbies de ceux qui ont intérêt à pénaliser le consommateur pour qu'il se résigne à aller acheter leurs produits aux marges indécentes, ont bien joué le coup auprès des pouvoirs publics qui se sont faits leurrer.

On me dira : nous les artistes, nous perdons de l'argent si le téléchargement libre (je refuse le terme de piratage qui n'a aucun sens) continue. Non. D'abord, les sites de téléchargement, où l'on paie le morceau que l'on veut écouter, sont rentables. Donc les droits sont payés. Ensuite, on sait bien que les passages audiovisuels (radio et surtout télévision) sont plus rémunérateurs que la vente de disques. Donc si un artiste se voit téléchargé, c'est que sa notoriété se développe, donc sa visibilité sur les médias aussi. Les grandes vedettes ou les grands films ne craignent pas ce téléchargement, car ils sont confortés dans leur réussite. Les oldies retrouvent une jeunesse grâce à ce procédé. Les artistes moins connus, les producteurs au succès moindre, alimentent l'argument des majors en montrant du doigt le téléchargement libre pour justifier des résultats insuffisants. Moi, si un de mes livres était téléchargé, j'en serais très fier ! Cela voudrait dire que j'ai été publié et que des lecteurs s'intéressent à ce que je commets.

Cette loi ne changera rien. les ventes ne décolleront pas, et pour une raison déjà développée dans Help, mon billet du 11 septembre. Mais cette mesure dicrimanatoire fait du pékin moyen un nouveau coupable des méfaits de la société. Le vilain libertaire empêche les profits de tourner en ronds, passant des mains des uns aux mains des autres, toujours les mêmes du reste. Eux, ils ont la main dans le sac à billets, confis dans leur pouvoir. Cette puissance pourrait bien brûler les ailes de ces Icare de pacotille. Quant au législateur, il a fait son devoir et continue son chemin, auréolé de la tâche accomplie, indifférent, tournant le dos au peuple.

Pour ma part, je veux être le premier auteur téléchargé librement !

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