vendredi 11 septembre 2009

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11 septembre.

Cette date sonne comme un rendez-vous incontournable avec l'histoire depuis... l'enregistrement de Love me do par les Beatles, le 11 septembre 1962, bien sûr ! Leur premier single... ça nous rajeunit pas, ma bonne dame !

Hier, en grandes pompes, avant que Brice ne dérape sur une peau de beur, la presse nous a abreuvé de la "remasterisation" (je n'aime pas les barbarisme, mais faut bien vivre avec son temps) de l'intégrale des Beatles. Ainsi, les journaliste affirmaient que les technologies modernes, effaçant "les imperfections", genre gratouillis, bruits de studio, crachements parasites ou autre son de la vie de la musique, permettaient enfin de profiter du son pur de ces morceaux, ce nettoyage numérique leur donnant plus de relief... Personnellement, je préfère les fameuses imperfections et surtout le son analogique de l'époque car toute la chaîne technique était conçue pour ce son. La dynamique des basses, la clarté du charleston, le timbre des voix, le pincé d'une corde de guitare, j'aime quand mon diamant vibre dans le sillon de la galette noire...

Mais tout cela n'est que doctrine et esthétique. L'information corrélée à cet événement musical est l'éternelle rengaine des maisons de disque, la complainte des pauvres majors auxquelles les vilains pirates de la Toile volent l'argent qu'elle gagnent dans l'exercice de leur labeur si vertueux... Alors que la chronique sur les Bealtes explique que les consommateurs s'arrachent cette nouvelle édition, que les stocks vont s'épuiser plus vite que ce que l'on imaginait, elle termine dans une contradiction sublime, arguant sans frémir que le public n'achète plus de disque car il télécharge des morceaux "piratés". Les bras m'en tombent.

Il y a dans un tel propos une hypocrisie coupable que les rédactions feraient bien de contrôler. Les raisons pour lesquelles le public n'achète plus certains disques relèvent de deux ordres : la médiocrité de l'offre et le prix dissuasif de cette médiocrité.

Car il est indéniable, qu'à de rares exceptions près, la production musicale de ces dernières années dans le domaine de la variété laisse sur sa faim. Peu de créativité, de faux artistes fabriqués de toutes pièces par les usines à clones que sont les Star Ac' et autres Nouvelle Star, des paroles creuses, rien n'engage à investir sinon le harcèlement médiatique et l'emballement populaire, soigneusement orchestrés par les lobbies des majors. Elles se plaignent de ne pas vendre assez, mais qui a véritablement envie d'acheter une mauvaise qualité ? Pourquoi s'arrache-t-on la réédition des albums des Beatles ? Parce que le talent créait la qualité, l'inventivité y génère le désir. Alors le fana est peu regardant sur la somme qu'il lui faut consentir, il achète parce qu'il sait qu'il ne sera pas déçu. tout l'acte d'achat se résume dans ce geste. Le plaisir, l'absence de déception, le rêve réalisé parfois, et la satisfaction d'être l'acquéreur d'un produit sans mauvaise surprise. C'est là que la notion de prix prend tout son sens. Payer beaucoup pour un produit très bien, soit, mais payer trop pour un CD fade et sans étincelle, non.

Si la complainte des maisons de disques égrène sans répit la même mélopée autour des baisses des ventes de disques, on ne les entend pas sur les revenus issus des produits dérivés. Certaines marques se vendent très bien, indépendamment des simili-chanteurs qui les soutiennent. Lorsque les directeurs artistiques, qui n'ont de cette fonction que le nom, auront été ramenés sur terre et à des salaires raisonnables, lorsque les majors tenteront de retrouver de vrais artistes, de promouvoir les talents et cesseront de fabriquer des marionnettes de chair, lorsque la chaîne de distribution aura compris que c'est le volume et le long terme qui sont rémunérateurs et pas le coup facile et artificiel, alors le public reviendra vers l'achat de ces petits disques irisés.

Pour le moment, il préfère prendre les itinéraires de remplacement, éviter les péages et flâner sur les routes de campagne. L'air y est plus pur.

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